1. Mali, was ist mit den Wahlen? Oder die Fetischisierung der Formen der Demokratie
wathi.org – 11.01.2022
Von Jacques Ould Aoudia
Übergang und Beratungen in Mali, Dezember 2021 – Januar 2022
Die aus dem Staatsstreich vom Mai 2021 hervorgegangenen malischen Behörden organisierten im Dezember 2021 die „Assises nationales de la refondation“ (Nationale Versammlungen der Neugründung). Diese hatten zum Ziel, die ernsten Schwierigkeiten, mit denen das Land konfrontiert ist, zu identifizieren und Lösungen zu deren Überwindung vorzuschlagen. Ein Bruchteil der politischen Parteien und bewaffneten Gruppen nahm nicht an diesen Assises teil.
2. „Die Führer des Übergangs sind in die Chronogramm-Falle getappt“
Deutsche Welle – 19.01.2022
Jacques Ould Aoudia kritisiert insbesondere die Tatsache, dass sich die regionalen und internationalen Akteure nur auf die Dauer des Übergangs in Mali und nicht auf die Reform des Wahlsystems und der Regierungsführung fokussieren. Diese sei jedoch von vorrangiger Bedeutung, um das Land aus der Krise zu führen.
DEUTSCH WEITER (IN VON MIR ETWAS VERBESSERTER DEEPL-ÜBERSETZUNG) UNTER DEN FRZ. ORIGINALEN
1. Mali, à quand les élections ? Ou la fétichisation des formes de la démocratie
wathi.org – 11.01.2022
Par Jacques Ould Aoudia
Transition et concertation au Mali, décembre 2021 – janvier 2022
Les autorités maliennes, issues du coup d’État de mai 2021 ont organisé en décembre 2021 les « Assises nationales de la refondation ». Celles-ci avaient pour but d’identifier les graves difficultés auxquelles le pays est confronté et de proposer des solutions pour les dépasser. Une fraction des partis politiques et groupes armés n’a pas participé à ces Assises.
Une immense pression sur la société
Les autorités de transition, mais aussi les participants à ces Assises et l’ensemble de la société malienne, ont été soumis, depuis des semaines, à une immense pression médiatique et diplomatique de la part des acteurs extérieurs au pays. Une pression concentrée sur une seule donnée : la date de la prochaine élection présidentielle sensée rendre le pouvoir aux civils.
Les conditions sont ainsi réunies pour brouiller l’élaboration de solutions par la société malienne elle-même
Les forces locales qui cherchent des solutions aux crises multiples que traverse leur société entendent sans relâche les mêmes phrases : à quand les élections ? Leurs réflexions sur les graves défaillances de la gouvernance antérieure du pays sont écrasées par cette interrogation. Or ces graves défaillances sont à la racine des difficultés de la société malienne. Elles ont été la cause de la prise de pouvoir par les miliaires. De ces causes, la pression internationale ne dit rien. L’interrogation sur le « chronogramme » des élections est présentée comme l’unique enjeu dans la situation présente.
Cette pression extérieure est instrumentalisée par les partis d’opposition du pays qui ont refusé de participer à ces Assises. Ils se positionnent ainsi dans le jeu politicien local et comme de futurs alliés (et bénéficiaires) de ces acteurs extérieurs en cas de changement de pouvoir.
Jacques Ould Aoudia est chercheur en économie politique du développement. Jusqu’en 2011, il était économiste au ministère de l’Économie en France. Il a travaillé sur les économies des pays arabes avec une analyse des fondements institutionnels du développement et du rôle de la gouvernance. Il poursuit ses travaux de recherche sur l’économie politique du développement. Il est chercheur associé à l’Institut royal d’études stratégiques (IRES, Maroc). Il a publié de nombreux articles sur la gouvernance, le développement, la migration et le monde arabe.
Au total, la société malienne se retrouve encore plus désorientée
Et sa défiance vis-à-vis des donneurs de leçon démocratique se renforce. Au risque de faire reculer l’idée même de démocratie en son sein. On sait le risque d’une capture durable de l’État par l’armée. Qui déboucherait sur une solution autoritaire comme les pays du Sahel en ont déjà fait l’expérience. Un vent d’autoritarisme souffle sur le monde.
Pressions extérieures : la CEDEAO tombe dans le piège qu’elle a tendu
La réunion de la CEDEAO, tenu début janvier à Accra au Ghana consacré à la situation au Mali, accentue la pression sur le « chronogramme ». De lourdes sanctions à effet immédiat ont été prises. Sans un mot sur les réformes politiques du cadre constitutionnel à élaborer. Des réformes pourtant nécessaires pour trouver une solution à la crise politique chronique que vit le Mali depuis des années.
Ainsi, le piège de la polarisation sur ce chronogramme se referme sur les dirigeants de la CEDEAO. Tout est suspendu à une question de date. Les élections pour dans 5 ans ? Dans 4 ans ? Dans 3 ans ? Cet aveuglement a pour effet certain de retarder l’émergence de solutions élaborées par les Maliens eux-mêmes. Avec les conseils que pourraient apporter les pays voisins, les forces des sociétés civiles de la région…
Tôt ou tard, il faudra en passer par là. Pour élaborer des solutions politiques innovantes qui seront nécessairement tâtonnantes, complexes, peut-être erronées… Mais qui seront autant d’étapes pour progresser vers un mode de gouvernance renouvelé. Un mode de gouvernance adapté aux données sociales, culturelles, historiques, de ce pays du Sahel pris dans un contexte régional.
La primauté des formes
A la racine de ces graves erreurs, on retrouve la fétichisation des formes de la démocratie, sans égards pour l’ensemble des conditions nécessaires à sa bonne marche. Élection pour faire quoi ? Pour remettre en marche à l’identique la gouvernance précédente ? C’est à dire une gouvernance totalement défaillante ? L’influence anglo-saxonne sur la primauté des formes se retrouve encore là. Elle signe l’indigence de la réflexion des acteurs extérieurs qui prétendent donner des leçons au Mali.
D’autres priorités
Les Assises ont certes posé la question de la durée de la transition, mais ont évoqué aussi d’autres urgences. D’autres problèmes sont perçus comme prioritaires par une majorité des participants à ces Assises. A commencer par la sécurité de la population, qui subit depuis des années les assauts des groupes djihadistes.
Les leçons prodiguées et les actions menées jusque-là de l’extérieur n’ont pas donné de résultats positifs. Elles n’ont fait qu’enfoncer le pays dans la crise sécuritaire, sociale, politique, morale. Laissons la société malienne élaborer ses propres solutions ! Et espérons une aide des pays de la région dans l’appui à cette élaboration.
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2. „Les dirigeants de la transition sont tombés dans le piège du chronogramme“
Deutsche Welle – 19.01.2022
Notre invité de la semaine revient sur la crise politique en cours au Mali et sur la nécessité de réformer le système électoral et la gouvernance.
Propos recueillis par Eric Topona
Jacques Ould Aoudia est chercheur indépendant en économie politique du développement. Il a travaillé notamment sur la relation entre Institutions et Développement.
Au micro de la Deutsche Welle, il fustige notamment le fait que les acteurs régionaux et internationaux ne se focalisent que sur la durée de la transition au Mali et non sur la réforme du système électoral et de gouvernance. Une réforme qu’il juge pourtant primordiale pour sortir le pays de la crise qu’il traverse.
DW : Début février 2021, vous aviez publié une tribune sur le site internet du think thank Wathi intitulé Mali, à quand les élections ? Ou la fétichisation des formes de la démocratie. Pourquoi ce titre ?
Jacques Ould Aoudia : La démocratie, elle s’appuie d’abord sur des dispositifs qui touchent la population d’une façon très, très proche, qui concerne la santé, qui concerne l’éducation, qui concerne la sécurité, qui concerne les questions foncières. Et c’est l’ensemble de ce dispositif qui permet de bâtir un processus électoral qui soit apaisé et qui soit compris et accepté par les populations. Or, là, on renverse complètement la situation. On ne parle que des élections et que de la date des élections. C’est ça que j’appelle la fétichisation des formes. Là, c’est la forme de la démocratie qui est touchée. Bien sûr que les élections, comme processus de désignation des dirigeants est important. On n’a pas trouvé mieux.
DW : Vous plaidez pour que la pyramide ne soit pas renversée et que toutes les étapes d’une démocratisation saine soient respectées.
Jacques Ould Aoudia : Exactement. Par exemple, l’égalité dans l’accès aux services publics, à la santé, à l’école, etc.. La démocratie, elle, est basée sur un principe fort d’égalité : tous les citoyens sont censés être égaux devant la loi, etc.. D’ailleurs, chaque citoyen a un seul bulletin de vote, qu’il soit en haut ou en bas de l’échelle sociale.
DW : La plupart des pays africains de l’espace francophone expérimentent, depuis leur accession à l’indépendance en 1960, la forme unitaire de l’Etat avec une forte dose de décentralisation et avec les résultats mitigés que l’on connaît. Pourquoi ne pas essayer une autre forme d’état, le fédéralisme, par exemple ?
Jacques Ould Aoudia : Bien sûr qu’il faut changer la forme de gouvernance et donc la forme de l’état dans quasiment tous les pays d’Afrique et que ce changement, il doit s’élaborer d’une façon endogène, c’est à dire que c’est vraiment les sociétés qui doivent fabriquer leur état. Mais, si une société veut s’inspirer d’une autre expérience politique, c’est elle qui va chercher d’autres réponses qui ont été élaborées ailleurs et qui les importent dans son pays.
Or, on n’est pas dans cette situation. On est dans une situation où, de l’extérieur et souvent conditionné avec des financements, de „l’aide“, on impose des solutions, plus ou moins subtilement.
Je prends l’exemple des deux mandats. Cette histoire des deux mandats présidentiels, ça a créé un nombre de problèmes immense dans quasiment tous les pays. Or, est ce que Mme Merkel, par exemple, a été limitée à deux mandats ? Elle est restée seize ans au pouvoir.
DW : Angela Merkel est certes restée seize ans au pouvoir, à la chancellerie. Avec ce bémol, elle se serait retirée plus tôt si les Allemands l’avaient décidé, ce qui n’est pas forcement le cas dans beaucoup de pays africains.
Jacques Ould Aoudia : C’est vrai. Vous voyez bien que sur cette question, on se concentre sur la désignation des dirigeants politiques et je pense bien évidemment que cette désignation est un phénomène politique complexe et en plus, qui mobilise beaucoup les populations, qui mobilisent les passions.
Il y a toute une éducation qui doit se faire, et notamment à partir de dispositifs qui changent concrètement et qui améliorent concrètement la situation des populations. Et c’est ça qui crédibilise le phénomène. Et ensuite, c’est ça qui pacifie, à terme, le processus de désignation du président ou de la présidente.
DW : Et c’est peut être en raison de l’immensité des chantiers de la reconstruction démocratique du Mali que les militaires maliens ont pris le pouvoir et se propose de refonder complètement leur système politique décadent…
Jacques Ould Aoudia : Probablement. Les dirigeants de transition au Mali, ils sont tombés eux mêmes dans le piège de ce chronogramme. Ils sont tombés dans le piège, en acceptant de ne répondre qu’à cette question.
Je pense que c’est en revenant sur les fondements de la démocratie et les débats qui ont été posés dans tout le processus de concertation qui a eu lieu juste à la fin de l’année 2021, c’est de cela dont il faut parler. Qu’est ce qui a été discuté pendant ces assises dans tout le pays ? Et c’est de cela qu’il faut partir. C’est ça la base des élections. C’est le résultat de quelque chose. Ce n’est pas le point de départ.
DW : Et ne pensez-vous pas que la mission de refondation que se propose de le faire les militaires maliens devrait échoir à un président élu démocratiquement par les Maliens ?
Jacques Ould Aoudia : C’est un cercle ! Il faut transformer ça en cercle vertueux. Par où on commence ? C’est toute la question. Là, on est dans une situation où des militaires ont renversé la table, ont renversé l’ordre constitutionnel, ont pris le pouvoir parce que cet ordre constitutionnel, qui était issu d’élections, ne fonctionnait pas. Et ça fait des années et des années, des dirigeants et des dirigeants que cet ordre constitutionnel ne fonctionnait pas. Qu’est ce que la Cédéao et la communauté internationale veut ? Est ce qu’on veut revenir à l’état antérieur ?
C’est la même chose qu’en Tunisie. Je connais aussi la situation en Tunisie. Le président, le 25 juillet, il a aussi renverser la table et des gens ont crié au coup d’État, etc.. Mais qu’est ce qu’on voulait ? On voulait revenir à l’ordre constitutionnel qui était effectivement issu des élections, mais qui avait abouti à quoi ? A un chaos, au fait que les politiciens, ils se battaient entre eux pour des places, pour des rangs, pour des positions de pouvoir et ils avaient complètement abandonné la population.
DW : Pensez-vous que les sanctions adoptées par la Cédéao et l’Uemoa contre le Mali seront productives ?
Jacques Ould Aoudia : Elles n’ont aucun sens, ces sanctions. Et je suis très, très déçu que l’ONU emboîte le pas, que l’Union européenne emboîte le pas. Les pays occidentaux, ils sont en train de pousser le Mali et d’autres pays d’ailleurs dans les bras d’autres acteurs. Et parmi ces autres acteurs, c’est la Russie, c’est la Turquie et Israël, c’est le pays du Golfe, c’est la Chine. Est ce qu’on est là pour leur dérouler le tapis rouge? Or, c’est exactement ça qui est en train d’être fait. Il y a une façon néocolonial d’agir vis à vis du Mali aujourd’hui, qui va aboutir exactement au résultat inverse que les résultats espérés.
© 2022 dw.com
1. Mali, was ist mit den Wahlen? Oder die Fetischisierung der Formen der Demokratie
wathi.org – 11.01.2022
Von Jacques Ould Aoudia
Übergang und Beratungen in Mali, Dezember 2021 – Januar 2022
Die aus dem Staatsstreich vom Mai 2021 hervorgegangenen malischen Behörden organisierten im Dezember 2021 die „Assises nationales de la refondation“ (Nationale Versammlungen der Neugründung). Diese hatten zum Ziel, die ernsten Schwierigkeiten, mit denen das Land konfrontiert ist, zu identifizieren und Lösungen zu deren Überwindung vorzuschlagen. Ein Bruchteil der politischen Parteien und bewaffneten Gruppen nahm nicht an diesen Assises teil.
Ein immenser Druck auf die Gesellschaft.
Die Übergangsbehörden, aber auch die Teilnehmer dieser Assises und die gesamte malische Gesellschaft waren seit Wochen einem immensen medialen und diplomatischen Druck von außerhalb des Landes ausgesetzt. Dieser Druck konzentrierte sich auf eine einzige Sache: das Datum der nächsten Präsidentschaftswahl, die die Macht an die Zivilgesellschaft zurückgeben sollte.
Damit sind die Rahmenbedingungen geschaffen, um die Ausarbeitung von Lösungen durch die malische Gesellschaft selbst zu vernebeln.
Die lokalen Kräfte, die nach Lösungen für die vielfältigen Krisen in ihrer Gesellschaft suchen, hören immer wieder dieselben Sätze: Und wann sind die Wahlen? Ihre Überlegungen hinsichtlich der schwerwiegenden Mängel der bisherigen Regierungsführung des Landes werden von dieser Fragestellung erdrückt. Dabei sitzen genau diese schwerwiegenden Mängel an der Wurzel der Schwierigkeiten der malischen Gesellschaft. Sie waren die Ursache für die Machtübernahme durch die Militärs. Über diese Ursachen schweigt sich der internationale Druck aus. Die Frage nach dem „Chronogramm“ der Wahlen wird als das einzige herausgehoben, was in der gegenwärtigen Situation auf dem Spiel steht.
Dieser Druck von außen wird von den Oppositionsparteien des Landes, die sich geweigert haben, an den Assises teilzunehmen, instrumentalisiert. So positionieren sie sich im lokalen politischen Spiel und als zukünftige Verbündete (und Nutznießer) dieser externen Player im Falle eines Machtwechsels.
Insgesamt fühlt sich die malische Gesellschaft noch orientierungsloser
Und ihr Misstrauen gegenüber den demokratischen Lehrmeistern wird immer stärker. Auf die Gefahr hin, dass die Idee selbst der Demokratie in ihren Reihen zurückgedrängt wird. Wir kennen das Risiko einer dauerhaften Vereinnahmung des Staates durch das Militär. Was zu einer autoritären Lösung führen würde, wie es die Länder der Sahelzone bereits erlebt haben. Ein Wind des Autoritarismus weht über die Welt.
Forts. folgt
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2. „Die Führer des Übergangs sind in die Chronogramm-Falle getappt“
Deutsche Welle – 19.01.2022
Unser Studiogast der Woche spricht über die aktuelle politische Krise in Mali und die Notwendigkeit, das Wahlsystem und die Regierungsführung zu reformieren.
Das Gespräch führte Eric Topona
Jacques Ould Aoudia kritisiert insbesondere die Tatsache, dass sich die regionalen und internationalen Akteure nur auf die Dauer des Übergangs in Mali und nicht auf die Reform des Wahlsystems und der Regierungsführung fokussieren. Diese sei jedoch von vorrangiger Bedeutung, um das Land aus der Krise zu führen.
Forts. folgt
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